L’export : pourquoi et comment ?

L’export : pourquoi et comment ?
Un homme avec sa guitare sur le monde pour illustrer Export Pourquoi Comment Mon Projet musique. ©Sergey Nivens


Développer des artistes à l’international, une étape réservée aux projets les plus aboutis ? Pas forcément. Si les retombées potentielles sont difficilement prévisibles, les bénéfices de l’export sont multiples, tant sur le plan économique qu’artistique. Et des aides existent pour favoriser la diffusion des artistes français hors de nos frontières. Mais plus encore que pour l’hexagone, il faut une stratégie bien définie, et une capacité d’investissement initial.

 

Jouer aux quatre coins du monde, aller à la rencontre de nouveaux publics, tous les artistes le souhaitent. Et si, pendant longtemps, l’international n’intervenait qu’après avoir conquis le marché domestique, les choses ont beaucoup changé.
En effet, Internet est passé par là, faisant éclater les frontières : « le numérique permet potentiellement d’accéder à tous les publics, partout sur le globe. Les plateformes de streaming et les réseaux sociaux ont totalement redistribué les cartes. Et les artistes sont demandeurs de ces expériences souvent fortes », explique ainsi Gaëlle Massicot-Bitty, responsable du pôle spectacle vivant et musiques du département des Échanges et des coopérations artistiques de l’Institut français. Les exemples de groupes en développement allant se confronter à de nouveaux publics se multiplient : KillASon en Chine et au Canada, Last Train en Allemagne… De même, les statistiques d’écoute ont montré à l’entourage professionnel de François & The Atlas Mountain qu’il cartonnait… au Mexique ! Des informations très précieuses au moment d’envisager une tournée à l’étranger.

Envie des artistes et opportunités économiques, l’export a beaucoup d’atout, mais il faut bien réfléchir et se préparer avant de se lancer.

Pourquoi aller à l’export ?

« L’export, ce n’est pas du tourisme culturel. Il faut penser développement économique derrière chaque déplacement, même si la dimension humaine est toujours appréciable. Cela nécessite de l’investissement. Au moins au début, à moins d’être très chanceux, cela prend du temps et coûte de l’argent ». Cette mise en garde, c’est Frédéric Voirin, responsable des projets musiques actuelles au Bureau export, qui la fait. Alors la première question à se poser est simple : pourquoi aller à l’export ?

Il y a un intérêt artistique évident. Confronter la musique à un nouveau public, rencontrer des musiciens de cultures et de territoires différents sont autant de challenges qui permettent à un artiste ou un groupe de se tester. Mais c’est aussi un moyen d’accéder à de nouveaux débouchés économiques (conquérir de nouveaux publics, trouver un éditeur sur le territoire visité, une licence…), même de façon indirecte. Paradoxalement, les bénéfices de l’export sur le marché français sont aussi mis en avant par l’entourage professionnel des artistes. Mathieu Pinsard, de chez Alias, explique : « au moins autant qu’un nouveau marché potentiel, cela apporte un bon retour en terme d’image sur le marché français, le groupe prend alors une dimension internationale. »

Aller se produire sur des salons, showcases ou dates promotionnelles à l’étranger permet aussi d’assurer une visibilité pouvant, à terme, déboucher sur des programmations. Les retombées peuvent être très intéressantes. Corinne Serres, de la société Mad Minute, explique ainsi : « grâce à leur passage au Global fest [showcase professionnel à New York], Ballaké Sissoko et Vincent Segal ont pu faire deux tournées aux États-Unis. Les retombées sont réelles, mais l’investissement initial pour un showcase est conséquent, puisqu’il n’y a aucun revenu de billetterie en face. »

export_pourquoi_comment_820x400 Mon Projet musique.

« Chaque année, c’est plus de 500 projets de tournées qui sont accompagnés. Tout le monde peut nous contacter, mais il faut tout de même avoir une certaine assise, et surtout un projet cohérent de travail à l’export avec des partenaires professionnels prêts à s’engager » Gaëlle Massicot-Bitty – L’Institut Français.